Édito – Mars 2025
En réaction à la réforme de l’assurance-chômage, les travailleurs·euses de festivals de cinéma créent, en 2020, le collectif Sous les écrans la dèche.
Le nouveau mode de calcul de leurs indemnités réduit dramatiquement le montant de leur allocation chômage et les plonge dans une précarité telle que beaucoup se voient contraints de renoncer à leur métier. C’est que, n’ayant pas accès au régime de l’intermittence du spectacle, ils ne peuvent plus survivre entre deux contrats.
Les échanges au sein du collectif mettent par ailleurs en évidence l’absence totale de structuration d’un secteur où les conditions de travail n’obéissent à aucunes règles.
Aussi, pendant 3 années, les membres du collectif n’ont cessé d’alerter les responsables des festivals ainsi que les pouvoirs publics. Une écoute polie leur a été accordée, mais aucune décision concrète ne fut prise.
Au Festival de Cannes 2024, la mobilisation prend une nouvelle ampleur, avec un appel à la grève et quelques actions coup-de-poing largement relayées. Conscientes de la menace d’une déperdition de savoir-faire essentiels, faute de pouvoir retenir des salarié.es expérimenté·es, les directions décident enfin de soutenir les revendications des travailleurs.euses de festivals.
Les pouvoirs publics se saisissent enfin de la question : fin mai, les ministères de la Culture et du Travail confient à un haut fonctionnaire la mission d’engager et faciliter le dialogue entre les partenaires sociaux. L’objectif est que les festivals de cinéma intègrent une convention collective permettant, à terme, à la majorité des salarié.es de pouvoir bénéficier du régime de l’intermittence.
Après 6 mois de négociation, c’est désormais chose faite ! Au sein de la convention collective 3252, une annexe spécifique aux Festival de cinéma et d’audiovisuel a vu le jour fin décembre, et entrera en application dès le mois de mai 2025. Dès cette date, l’ensemble des festivals devront l’appliquer.
C’est une victoire, mais attention, ce n’est qu’une première étape : ce rattachement conventionnel ne permet pas pour l’instant aux salariées de bénéficier du régime de l’intermittence. Manquent encore la signature d’un arrêté ministériel et l’intégration par l’Unédic des nouveaux métiers éligibles à l’intermittence aux annexes 8 et 10 de l’assurance-chômage.
Or à ce jour aucune date ne nous a été communiquée, et notre revendication première, l’intermittence, n’est pas encore acquise. La précarité demeure.
Les travailleur.euses des festivals restent donc vigilant.es et déterminé.es, n’excluant pas, dans les semaines et mois à venir, de nouvelles mobilisations, avec le soutien des syndicats, et, nous l’espérons, des directions de festivals désormais conscientes des enjeux.
Le collectif Sous les écrans la dèche
Contact : festivals.collectif@gmail.com
